A découvrir : Exposition 𝐴𝑟𝑖𝑎𝑠 de 𝗙𝗮𝗯𝗶𝗲𝗻𝗻𝗲 𝗩𝗲𝗿𝗱𝗶𝗲𝗿
du 31 mars au 3 juin 2023
Galerie Delphine Courtay, Strasbourg
Vernissage jeudi 30 mars de 18h à 20h
« Du 31 mars au 3 juin 2023, la galerie delphine courtay présente une exposition personnelle de l’artiste
Fabienne Verdier, peintre, dessinatrice & graveuse, connaissant un succès international.
En 2014, Fabienne Verdier a été invitée par la Juilliard School de New York, le célèbre conservatoire de
musique, à explorer l’interaction entre la ligne sonore et la ligne visuelle. Elle a repris et développé cette
expérience dans son atelier, en travaillant cette fois avec les chants lyriques comme guides. En écoutant,
dans son atelier, quelques-unes des plus célèbres arias de Mozart, l’artiste a laissé son corps répondre
par le geste approprié. Elle a ainsi retrouvé spontanément la figure du Vortex, cette dynamique tourbil-
lonnaire présente dans un grand nombre de phénomènes naturels. L’énergie et la clarté de Mozart se
retrouvent dans le geste ample et tendu de Fabienne Verdier. Il en résulte une série de quinze estampes
crées par l’artiste sur ses propres presses pendant le confinement entre 2020 et 2021.
L’exposition Arias est rythmée par un ensemble d’estampes de différents formats de cette
série qui explorent l’expression poétique du chant de la voix de l’Homme, dont le souffle cir-
cule comme une onde tout autour de son centre.
Toute l’oeuvre de Fabienne Verdier se nourrit de l’observation attentive des phénomènes naturels : varia-
tions de lumière, énergie des vents, ondes et remous des cours d’eau… L’artiste ne cherche pas à mimer
ces formes pour les représenter mais à s’imprégner de leur énergie pour, dans le calme de l’atelier, en
matérialiser la trace sur toile. Solstices est une série de grandes peintures de petit format réalisée dans
les jours précédents où l’année bascule. Elles sont tout le contraire de miniatures faites au pinceau bien
léchée. Ce sont comme des détails, des coupes dans un mouvement qui excèdent leurs limites. Chacun
peut y lire dans ce jaillissement de matière les ouvertures, les flux et percées qui correspondent à ses
états d’âme du moment. Alors que l’artiste préparait cet ensemble, elle relisait le livre de Marguerite
Yourcenar Le temps, ce grand sculpteur. L’auteur souligne l’ambiguité de cet instant, quand, à l’entrée de
l’été, les jours vont commencer à raccourcir, et que, sans que nous en ayons conscience, l’hiver est déjà
en marche.
Une peinture Solstice, réalisée elle aussi pendant le confinement de 2020, figure dans l’expo-
sition. La série complète fut montrée en version digitale par la Galerie Lelong, en 2020.
Portant un intérêt aux artistes en quête de profondeur animique, la galerie se réjouit d’accueillir l’artiste
Fabienne Verdier, dont l’oeuvre empreinte de spiritualité nous touche particulièrement. Son approche
singulière nous rappelle l’ouverture à la pleine Présence en son propre centre, qui’il nous est possible
d’accéder par la maîtrise de soi. Son oeuvre est un cadeau rare et précieux en ces temps où tout s’accé-
lère. Elle est une respiration, une méditation, une invitation à écouter son intériorité. Partons avec elle,
à la découverte de la dentelle musicale et visuelle de l’âme, la source du souffle de vie et de tous les
possibles.
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Fabienne Verdier est née en 1962 à Paris. Elle vit et travaille près de Paris. En 1979, l’artiste entame
des études à l’École des Beaux-Arts de Toulouse. À vingt ans, elle part en Chine pour étudier auprès
des derniers grands maîtres de la peinture traditionnelle. Atteinte d’une grave maladie, elle rentre en
Europe à trente ans et publie en 2003 le roman autobiographique
Passagère du silence, dix ans d’initiation en Chine. Fabienne Verdier abandonne la peinture de chevalet et imagine une nouvelle manière de peindre à la verticale où la force de la gravitation devient centrale. En 2006, elle conçoit des pinceauxmonumentaux avec lesquels elle fait corps pour réaliser ses tableaux au sol. Elle collabore régulièrement avec des musiciens, des écrivains et des scientifiques pour saisir les forces qui engendrent les formes, les énergies vitales qui animent ce monde.
Ses œuvres sont présentes dans de nombreuses collections publiques et privées à travers le monde. En
2019, le Musée Granet d’Aix-en-Provence lui consacre une exposition rétrospective, retraçant le par-
cours de l’artiste depuis son retour de Chine. Ses oeuvres figurent dans de nombreuses collections, le
MNAM Centre Pompidou (Paris), le Musée Granet (Aix-en-Provence), la Bayerische Staatsgemäldesam-
mlungen (Munich), le Nasjonalmuseet (Oslo), ou encore la Fondation Hubert Looser et le Kunsthaus
(Zurich). Deux expositions importantes sont en actuellement en cours au Musée Unterlinden à Colmar
et au Saarlandmuseum à Saarbruck.
Avec ces vortex, nous ne sommes plus dans un temps linéaire, mais dans un temps circulaire et
oscillant. Alain Berthoz, neuroscientifique au Collège de France, m’a expliqué comment les neu-
rones du cerveau fonctionnent par des mouvements oscillants, qui influent in fine sur tous nos
membres. Cette dynamique tourbillonnaire est un mouvement universel, que l’on retrouve dans
de nombreux domaines. Le vortex est visible dans l’ADN, ou dans la façon dont le sang est pompé
par le cœur, dans les phénomènes atmosphériques tels que les ouragans et les tornades, dans le
mouvement des océans, des galaxies et de la Voie lactée. Même l’atome, la particule fondamen-
tale de toute matière, est un vortex, selon le physicien Sir William Thomson.
Pour cette série d’estampes, inspirée des grands formats exposés à Londres en 2020 et réalisée
à l’atelier durant la crise sanitaire, j’ai totalement recombiné les formes et les couleurs. J’ai joué
avec les superpositions et les variations de pigments pour que nous ne soyons plus dans un temps
linéraire mais dans un temps circulaire et oscillant.
Nous venons de vivre tant de bouleversements dont on ne mesure pas encore tous les effets. J’ai
pensé à cette phrase d’Élie Faure : « L’harmonie visible est un juste équilibre à la recherche per-
pétuelle de son propre centre de gravité. »
Ces mois de confinement et de distanciation nous ont plongés dans une nébuleuse qui se densifie
dans une sorte d’accélération vers l’avenir. J’aimerais que cette dynamique du vortex nous trans-
forme et nous transporte tous, qu’elle nous plonge simultanément au cœur du moment présent et
nous relie à l’espace, le temps de l’écoute d’un aria de Mozart. »
À propos de la série Arias par Fabienne Verdier (Texte écrit en 2021)
« En 2014, j’ai participé à un projet de plusieurs mois, à la Juilliard School de New York, qui
m’a permis d’explorer l’interaction spontanée entre la ligne sonore et la ligne visuelle. J’ai assisté
à la masterclasse d’Edith Wiens pour les jeunes chanteurs d’opéra, et j’ai essayé de canaliser
le phrasé de la voix du chanteur en direct à travers les mouvements d’une ligne dessinée. J’ai
cherché à développer, sculpter et enrichir le potentiel expressif de la voix en allant au-delà de la
surface du tableau, au-delà de ce que le peintre Nicolas de Staël appelait le « mur » ou le « plan
fixe » du tableau, pour trouver d’autres dimensions et se libérer de la représentation statique
bidimensionnelle.
Le corps est un instrument vibratoire. Il est à la fois émetteur et récepteur. Je me suis intéressée
à la proximité entre la source d’énergie de la voix, sa trace dans l’espace, et l’énergie intrinsèque
du trait. Dans ses cours, Edith Wiens enseigne à ses étudiants combien la respiration du corps est
essentielle. En me faisant travailler comme une chanteuse et en transposant son enseignement
au dessin, Edith m’a aidée à développer une ligne plus riche et plus intense, qui me permette
d’exprimer sur la feuille les trois dimensions de l’espace et d’intégrer la quatrième dimension du
temps de la musique.
La voix a besoin de jaillir de tout le corps chantant, de s’étendre dans l’espace grâce à sa verti-
calité. Elle défie la gravité et trouve un mouvement circulaire vers le haut. Le phrasé dynamique
des voix chantantes semble tourner autour des corps. Cette circulation de l’énergie à travers
l’inspiration, l’expiration et la modulation de la respiration de la base de la colonne vertébrale au
sommet de la tête, m’ont fait penser à un vortex ascendant, que j’appelle la colonne de souffle.
La rencontre de la voix avec mes dessins a généré quelque chose comme un oscillogramme, dans
lequel la représentation picturale du souffle et du chant n’est pas seulement une question de
séquences de dessins, de mesures et de phrases, mais constitue un flux vertical dynamique et
continu, comme une expansion.
J’ai d’abord peint une série de tableaux, Vortex, qui a été montrée lors d’une exposition à la gale-
rie Waddington Custot à Londres. Pour cette série, j’ai choisi de ne pas interpréter les opéras de
Mozart dans leur intégralité, mais plutôt de travailler sur des fragments d’arias dont les rythmes
provoquent un jaillissement de formes à travers une sorte de rêve liquide persistant, de vertige
aérien. Le philosophe et musicologue français Vladimir Jankélévitch souligne le fait que la musique
n’est pas entravée par le sens comme le sont les mots ; elle peut toucher le corps et le submerger,
provoquer la danse, le chant et arracher les humains à eux-mêmes.
Dans les arias de Mozart, il y a une incroyable richesse mélodique et pourtant une clarté de lan-
gage. Sa musique est intelligible d’une manière mystérieuse, et des perceptions surgissent quand
je les écoute. Une harmonie vient frapper tous nos sens. Je vois jaillir des lignes d’énergie claires
et tourbillonnantes.
Dans les années 1980, j’avais appris auprès de maîtres chinois comment échapper à mes propres
affects et exprimer la nature instable des choses, dans une perspective de liberté et de détache-
ment naturels. Puis, lorsque j’étais à la Juilliard School, on m’a demandé de peindre les interpré-
tations de la couleur et du mouvement de l’âme humaine : sa joie, sa mélancolie et sa colère.
J’ai abordé cette tâche sous un angle très différent des tendances lyriques de l’art occidental. J’ai
imaginé que je me transformais en météorologue qui doit transcrire des forces et des variations
au cœur des mutations de la voix tout en essayant de conserver un certain détachement d’obser-
vateur. »
Événement en collaboration avec la @galerielelong
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